Vie Commandée

Description

Le 15 avril 1973 Mgr Thomas Nkuissi écrivait aux prêtres du Sacré Cœur de Jésus réunis au cours de leur Chapitre général à Rome: «Nous sommes arrivés à la conviction qu’il est de notre devoir, pour que la Bonne Nouvelle s’incarne dans notre peuple, de la transmettre dans les récipients bien de chez nous. L’opération ne sera pas de tout repos. Il y aura des options à faire comportant des risques. Nous demandons que soit reconnu incontestable notre droit de prendre nos options à nos risques». Peut-être en avait-il trop pris ? En tout cas l’itinéraire personnel, social et pastoral de Thomas Djankou Nkuissi retracé par lui-même, nous permet de mieux comprendre son message et son œuvre en faveur de «l’inculturation» et de mieux faire connaissance avec l’homme dont tout le monde s’accorde à dire qu’il était «spécial». En effet, déjà bébé, on dut le baptiser le jour de sa naissance, convaincu qu’il ne survivrait pas un jour de plus. Il vivra finalement 83 ans. Adolescent, personne ne le voyait au Séminaire où il évita de peu l’exclusion pour… Il sera prêtre. Prêtre, il aurait aimé se spécialiser en théologie. Il sera canoniste. Revenu dans le diocèse, il aurait préféré de loin sa charge de curé de paroisse, on lui confiera des responsabilités diocésaines. Chancelier, sans être sur la liste «officielle» des candidats, il sera fait Évêque de Nkongsamba. Évêque, on lui reconnut la qualité et la densité de son travail, mais on l’invitera à démissionner. Démissionné, on lui interdit le retour dans le diocèse, mais c’est bien à Nkongsamba qu’il mourra comme ce fut son souhait. Mgr Thomas Nkuissi avait trouvé son option -l’inculturation – et avait pris ses risques : la liberté et l’authenticité. Et sans répit, il travailla. Le résultat fut frappant. Mais on le frappa et sans broncher, il accepta de mourir pour ses idées, car disait-il, «Du moment que l’eau de pluie tombe du ciel, nous n’avons pas à la puiser dans les rigoles». Recommandé à Dieu par ses parents dès sa naissance, Mgr Thomas Nkuissi était convaincu que sa «vie» était «commandée» par le Christ Jésus le Sauveur en qui il avait une foi inébranlable.