La Petite Vendeuse de Fruits

Description

Le Pr. Swozalophororo sortit et disparut, happé par l’hôpital. Numaya découvrit que pleurer lui faisait énormément de bien. À minuit, elle se coucha. À 4h du matin, elle s’éveilla, et s’écouta : oui, elle se sentait très bien, resplendissante de l’intérieur. Quinze minutes plus tard, elle descendait l’escalier, en direction de la chambre 12. (Pour rejoindre son Passo, et son beau-frère, restés surveiller Oma.) Dans le couloir, elle entendait leurs voix qu’amplifiait le calme de la nuit. « Ils ne dorment pas ? » constata-t-elle, mi surprise, mi amusée. « Toute la nuit ? Donc, les hommes font autant de kongossa ? Plus que des femmes ? » Au niveau de la fenêtre, elle s’arrêta pour surprendre leur conversation. Comme dans un jeu. Les premiers mots qu’elle entendit la clouèrent sur place. Son cœur accéléra, fit de grands bonds. Passo Omgba et Ngueyo ! Deux complices, face à face, à cœur ouvert. Ils se croyaient seuls au monde ! – Je ne veux plus aucun bien de tous les biens que la sorcelsecte m’a procurés. Ma fonction de Premier ministre fait partie du lot. Alors, j’ai démissionné. – Quel amour pour une femme ! – Qu’est-ce qu’on cherche dans la vie ? La paix. Et la santé. À quoi servent les milliards avec les regrets des contreparties à payer ? Je ne veux plus rien, que ma fille délivrée de ce coma, et une vie simple avec ma femme. – Elle n’est pas friande de grosses voitures ? – Elle, c’est une drôle d’aventure. Je veux aller jusqu’au bout de cette femme. – Elle sait ? Pour la bastonnade ? – N’en parlons pas. Elle n’a jamais oublié. Elle te hait. – Et elle m’a relevé tout-à l’heure ? Incroyable ! – Je te dis qu’elle est une drôle d’aventure… – Elle m’a si bien relevé que j’ai cru qu’elle savait tout ! Dis-lui la vérité ! – Pour quel but ? Pour quel bien ? – Mais dis-lui la vérité ! Je n’avais fait qu’exécuter tes ordres ! Quarante coups de matraque ! Comment tu fais pour dormir avec elle ? – Oh oh oh arrête ! Je suis encore ton grand-frère ! – Justement, grand-frère. Sois vraiment heureux ! Cet incident passé vous empoisonne tous les deux, toi le responsable, de t’en cacher, elle de me haïr. Allez ! La paix, avec la conscience chargée ? – Ta paix, en détruisant la seule image positive qu’elle a de moi, le seul souvenir de sa vie où j’apparais comme un homme à aimer ? Laisse ma souffrance ! Elle sert à quelque chose. Je respecte les vendeuses de fruits, l’effort, la vraie dignité. Je cherche l’honneur. Je veux devenir quelqu’un, profiter de la paix ici, dans ma poitrine ! Changeons de sujet.